"Les cinémas du quartier"

Retour à l'accueil général

Il y avait 5 cinémas dans le quartier.

Le Palace St-Lazare, le Colisée, démolis pour construction de logements sociaux, fermés pendant longtemps avec dégradation lente avant la fin. Le palace possédait l'écran panoramique le plus grand de la ville, quant au Colisée, il y avait des peintures murales de soldats américains et de jeunes filles dansant le swing.

Le National (le "nàtio" pour les cacous du quartier (ndlr)) est devenu une supérette, ensuite un magasin Schleker. Quand je rentre dans ce magasin ,que de souvenirs refont surface!

Le Gyptis et le Chic . Nous n'y allions pas souvent, étant plus loin. Le Gyptis est devenu un théâtre d'avant garde, entouré d'immeubles plus ou moins douteux, le Chic un magasin qui vend de la viande "Perso"

Les soirs de sortie, nous partions en bande. Du fond de l'impasse, Annie, Marcelle, Lucie, Fernande leur mère Carmen, Aimé, Noël, parfois sa soeur Jeannette, Jean, les soeurs Ivanes:Jeanine et Denise. S'y ajoutaient quelques fois, Emma, de la rue Monte au ciel, Marie et Fernand.
Tout cela était très familial. En été, il y avait Jacques et Georges Grubert , Pieds noirs qui venaient passer leurs vacances en Métropole comme on disait alors.

Au St Lazare , je me souviens qu'un seul faisait la queue pour prende les billets: 10,12 places. Le contrôleur nous faisait mettre en rang et nous disait combien vous êtes la communale? Il nous comptait .Je joignais les deux mains pour reprendre la partie restante des billets:un "moulon".

Il fallait voir la figure des gens lorsque nous arrivions. Etant si nombreux, on faisait du bruit même en faisant attention. Sitôt le film commencé, c'était le calme plat. A la sortie , il y avait tellement d'affluence, que dans la cohue on s'éloignait les uns des autres. Alors on se rapprochait d'Aimé qui, très grand, dépasssait de la foule et on se retrouvait en groupe.
Au National, je me souviens qu'à l'entr'acte, il y avait deux ouvreuses en robe noire et petit tablier blanc brodé qui vendaient des fiandises: la belle Mado avec une opulente poitrine,superbe elle aurait pu faire du cinéma et Paulette moins jeune pas pin-up du tout .
Bonbons, caramels, esquimaux, chocolat. Noèl pour rire disait:"Bonbon la menthe au citron". Les jeunes lui défaisaient le noeud de son tablier. Elle déposait son panier en osier, refaisait le noeud double cette fois et disait:"
"Déconnez pas les jeunes, laissez moi travailler!" Et ça les faisait rire.
Ces séances de cinéma sont inoubliables et lorsque nous revoyons les films anciens ou Cinéma Paradiso, c'est un peu notre jeunesse qui refait surface avec un tas de souvenirs autour qu'on croyait presqu'oubliés, nostalgiques comme ce film.

Je sais que tous les copains pensent toujours à l'Impasse et temps heureux de notre enfance et de notre jeunesse, du quartier tel qu'il était puisque presque tous en sont partis au moment des travaux de l'autoroute.Mais moi qui suis restée, je l'ai vu se dégrader progressivement pendant 30 ans et voir ces derniers temps les derniers immeubles devenir des taudis envahis par une faune plutôt inquiétante.
Je n'ai qu'une hâte, c'est d'en partir , ne plus y penser et refermer le livre de l'impasse junot une deuxième fois. Je garderai le souvenir d'une époque heureuse disparue définitivement.
Qui se souviendra de l'Impasse Junot après nous ? Personne.
La première partie a servi à la bretelle de l'autoroute A7, la deuxième partie sera une route servant à rejoindre l'A55

Vous les copains, je ne vous oublierai jamais ...comme chantait la môme aux couettes Sheila