"Les souvenirs foisonnent envahissent mon être"
par Ange Guarnieri

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Aznavour chante " les souvenirs foisonnent envahissent mon être ", les miens, à ce jour où j'écris quelques passages de mon enfance, sont ressortis de ma mémoire et le passé " a resurgi du fond de sa retraite ", tout cela par un hasard bien sûr, parce que notre ami d'enfance Jean Santelli a bien voulu retracer un peu d'histoire de notre quartier .

Je suis arrivé de Corse en janvier 1946 Je n'étais encore qu'un fœtus dans le ventre de ma mère. Mon père, militaire de carrière, a eu la bonne ou la mauvaise idée de demander sa mutation à Marseille. Il avait trouvé un logement au 18 de l'impasse Junot, dans les quartiers de St mauront et du Bd National : un immeuble correct où nous vivions dans un 4 pièces au 2eme étage avec mes 2 frères et 2 sœurs. J'ai vue le jour naître dans cette maison.
Les premiers souvenirs bien sûr, en ce qui me concerne ne remontent que vers l'âge de 5 ans ,où un matin, ma mère me sortit du lit plus tôt que d'habitude et m'a affublé d'une blouse noire et d'une petite mallette rouge avec à l'intérieur un bout de pain et un fruit. J'ai ressenti comme un malaise, une odeur précise me piquer le nez ; j'ai tout de suite compris que j'allais faire mes premiers pas dans cet univers scolaire où je n'ai jamais brillé. Aujourd'hui, on appelle ce syndrome, la phobie de l'école : j'ai eu cette phobie jusqu'au bout.

Mes parents étaient des gens simples, de condition modeste. Ma mère, femme au foyer, s'occupait tant bien que mal d' élever ses 5 enfants.
Avec les années, je grandissais, j'avais une connaissance parfaite de notre territoire. Nous étions en fait un petit village située entre le Bd national, la Villette, et St Mauront !!Un peu comme le village d'Asterix. L'impasse Junot se terminait sur une voie de chemin de fer qu'un mur devait (en principe) nous empêcher d'atteindre. A côté de mon immeuble, au N° 18,coulait sans interruption, une fontaine en fonte massif, qui servait en cas de coupure d'eau à alimenter tout le quartier L'été les fenêtres ouvertes, de mon lit, j'entendais l'eau couler. Ce bruit m'a bercé pendant des années. Certains soirs je l'entends encore.

Pour la St Jean au mois de juin, et pour le 14 juillet, les juniors du quartier organisaient une fête avec une véritable scène construite en bois sous les fenêtres de la famille Yvanes. Les ados préparaient des guirlandes faites de bandes de papiers multicolores, collé avec de la farine et de l'eau. Tout cela était magique. Le soir chacun y allait de sa chansonnette. Il y avait une véritable convivialité avec tous les habitants du quartier. Bien sûr tout ce monde avait parfois des petites histoires, quelques frictions aussi, bien marseillaises : Pagnol n'avait pas tout écrit.

Claude, Gérard Bonici, Alain, Gérard Diaz

Mes amis d'enfances, Claude avec qui je faisais le plus de bêtises ;on était à la même école Timon David, je le revois quelques fois, et puis Alain, Marc, Daniel, Gérard, Roland, Paul Butti dit le conteur,( il avait cette faculté de raconter de merveilleuses histoires, sortie de son imagination. )hélas il nous a quittés très jeune,(à 20 ans d'une méningite). Nous étions toutes une bande, un vrai village constitué en 2 clans, les juniors nos aînés, puis nous les ados, nos grandes sœurs ,Renée, Marcelle ,Annie, Christiane, Fernande Lulu. Les soirs d'été, on se retrouvait à la fraîcheur, devant les portes des maisons, et tout le monde y aller des derniers potins de la journée. Les grands, pour notre plus grande joie, organisaient de véritables jeux de piste en pleine nuit.
Bien sur, je ne relate que quelques épisodes de mon enfance, pour vider ma mémoire de tant de souvenirs, il faudrait écrire un livre. A ce jour, nous nous sommes un peu tous perdu de vue
Chacun à construit sa vie et suivi sa route, d'autres on rejoint le ciel mais ils restent dans nos cœurs. Nous nous reverrons, j'en suis certain.

Bien souvent j'oublie la distance
qui m'a fait quitter les rues de l'enfance,
Je suis parti loin pour saisir ma chance.
Mais pas assez pour ne plus que j'y pense.

Ange

Ange (à gauche ) avec J. Villeret