Commerçants, petits commerçants, commerces de proximité..;que de doux euphémismes pour parler de ceux qui rythmaient la vie d'un quartier jusque dans les années 70: les commerces tout court. Boulangeries, épiceries,
boucheries charcuteries, marchands de légumes, marchands
de vins, poissonniers, marchands de jouets, merceries, chausseurs,,
pizzeria (et oui, déjà), papeterie, marchands de
bonbons,marchands de journaux, coiffeur et bazars en tout genre
faisaient vivre le quartier. Si les liens ne se nouaient pas trop avec les commerces occasionnels (vêtements, appareils ménagers, ) par contre ceux du quotidien créaient des relations presque familiales Si, parfois, on lisait sur une pancarte: "Crédit est mort, les mauvais payeurs l'ont tué" il n'en existait pas moins dans biens des magasins un livre de comptes où les achats s'additionnaient tout au long de la semaine voire du mois, pour être réglés en une seule fois. Tenez j'ai en mémoire (entre autre) deux magasins où je venais souvent faire quelques courses pour soulager ma mère trop souvent bousculée par le temps. Il s'agit de la boulangerie d'abord:celle de la rue Junot: Jorio (ou Paul au coin de la rue Hoche ou Lafont dans cette même rue Hoche:ma mère les ayant toutes essayées au gré de ses humeurs). Revenons à Jorio: Chaque matin en partant pour ma première année de Collège (et même la 2e)je m'achetais une brioche au sucre, dont je ne me souviens pas avoir acquitté une seule fois le prix. C'est ma mère qui s'arrangeait en passant à midi de régulariser la chose . De même que je me souviens qu'à la belle saison quand les cuisinières à charbon ne fonctionnaient plus ,les familles apportaient leur plat à gratiner ou à cuire .Et pour une modique somme le four du boulanger finissait de dorer les courgettes ou autres légumes farcis. Jusqu'au début de années 50, le pain était pesé. Comme il avait perdu un peu d'eau lors de la cuisson, il fallait ajuster le poids avec une tranche qui était posée sur la balance avec la flûte entière. Ce morceu de pain n'arrivait jamais à la maison bien entendu. Je revois tellement bien cette boulangerie que je serai capable de la dessiner . Je revois la banque et sa balance dite commerciale qui faisaient face à l'entrée. Sur la gauche l'accès au four. Sur la droite les gâteaux .Deux soeurs présidaient au destin de ce commerce:l'aînée Philomène (mais oui) avait un embontpoint de boulangère classique. Sa soeur cadette dont j'ai oublié le nom la remplaçait occasionnellement . Pour le dimanche et pour les heures de pointes une jolie demoiselle blonde faisait des extras. Carmen était son prénom. Mon copain en était amoureux , comme nous l'étions un peu tous, mais c'est sur un garçon de la bande de la rue Junot qu'elle jeta son dévolu. Enfin tout au moins au moment de nos 15 ans. Personne n'en fut très affecté. Cet âge est impitoyable. Le 2e commerce remarquable c'était l'épicerie Pelissier,située au coin de la rue Junot et de la traverse du Moulin de la Villette. Chez le boulanger il m'arrivait de payer le pain de temps en temps.Notamment le jeudi où n'ayant pas d'école je me chargeais de certaines commissions. Mais "chez Pélissier " je ne payais jamais. Ma mère était en compte. C'est à dire qu'une fois ma commande passée et emballée, Me Pelissier ouvrait son livre de compte et notait : la date et les quantités achétées. Ma mère en fin de semaine, lorsqu'elle disposait d'un peu plus de temps,(la fameuse "semaine anglaise" ,c'est à dire le samedi après midi de libre) réglait la totalité des achats qu'elle m'avait demandés d'effectuer les jours précédents. Le libellé de ces achats avaient quelques fois des allures étonnantes: par exmeple : 1 hecto et 1/2 d'olives noires ou 1 hecto de roquefort. Bien d 'autres magsins rendaient la vie agréable qu'ils soient petits (kiosque à journaux) ou plus importants (épicerie , boucherie) . Je ne veux pas finir ces quelques souvenirs des commerces du quartier sans parler de deux magasins qui attiraients les enfants comme les miroirs attirent les alouettes. Il s'agit de la boutique appelée "Le gagne petit" et le magasin de jouets au début de la rue Hoche , à côté du cinéma St Lazare.dans l'un comme dans l'autre nous allions trouver notre bonheur en objets divers.(bonbons, billes, jouets) En particulier ce dernier m' a vu acheter une bonne dizaine de balles qui coûtaient 75 francs de l'époque (10 centimes d' Euro). Grosses comme une orange, son prix les mettait à notre portée pour nous initier au foot ball. Et nous en étions heureux, mais heureux... C'est peu de le dire . Mais j'y reviendrai certainement un autre jour
Jean Santelli |