J'ai 14 ans , je joue
avec les minimes de l'O.M. Pas difficile à cette époque
pour y jouer :une cotisation de l'ordre de 15 euros (10 000 franc
en 1953),deux photos d'identité et un certificat médical.
Je vais assiter à l'affiche de l'année : OM-Reims,
le grand Reims des Kopa, Marche, Jonquet .... Au contrôle
je présente ma carte et c'est tout. J'ai droit à
une place dans le quart de virage, au choix. C'est vrai que ce
jour là, après notre match du matin on est venu
avec les copains, camper devant l'entrée avec le traditionnel
sandwich. Pas d'abonnement, on rentre à mesure qu'on arrive,
on choisit la meilleure place que l'on peut.Ce jour là
on a attendu 2h devant le stade pour voir s'ouvrir les portes.
A cette époque ,pas encore corrompu par "les droits
télés", les matches se jouent tous les dimanches
après midi à 15h. Dès 13h30 on a droit à
un match de lever de rideau qui peut parfois être un match
de poussins :il se joue alors sur la largeur du terrain qui mesurait
120m de long sur 90m de large. Le maximum autorisé. J'y
ai joué deux fois (en 60 et 63) Je peux vous assurer que
les poteaux de corner semblent loin quand on court vers eux! Actuellement
le terrain ne mesure plus que 106m sur 65. On comprend mieux pourquoi
il est plus difficile de marquer des buts et que les joueurs semblent
plus vite les uns sur les autres au milieu de la pelouse.
Ce jour là l'OM a battu le grand Reims 2-1.(J'ai eu l'honneur et le plaisir cette année
là de disputer une partie de baby foot avec le célèbre
et gentil GunnarAnderson .)
L'année précédente, comme je ne jouais pas
encore au club, je rentrais quand même gratuitement simplement
en tenant le coude de l'adulte qui se trouvait devant moi . Il
se retournait, comprenait et faisait comme si on était
avec lui. Passez muscade :les enfants ne payaient pas .
Debout : Zimny, Penverne,
P. Sinibaldi, Jonquet, Cicci, Marche Gransart,
Johansson, Morand, Salem, Nocentini, Scotti,
accroupis: Glovacki,
Kopa, Templin, Méano Rustichelli,
Lanfranchi,Andersson, Mercurio, Dard
Quelques années
plus tard, je suis junior 2e année (U 19)dans un club de
copains . Le siège se trouve dans un bistrot comme souvent
pour les petits clubs de quartiers. Ce dimanche on décide
d 'aller au vélodrome voir jouer l'OM. Peu importe contre
qui. Ce qui reste en mémoire, c'est le mode de transport
que l'on utilisera plusieurs fois durant la saison :une camionnette
comme celle ci-dessous (à la couleur près)
Imaginez une bande de jeunes sur le plateau arrière, assis sur les ridelles, papotant calmement entre eux comme s'ils étaient assis sur un fauteuil de bus. Il fallait quand même bien se tenir car ça cahotait assez et les virages étaient pafois un peu "secs". (Elle était où la ceinture de sécurité ?)
Arrivés au stade,
une fois les places prises, on pouvait voir les joueurs à
l'échauffement sur les carrés de pelouse de l'esplanade
devant la tribune jean Bouin.
Jusqu'à l'arrivée de B.Tapie (87-88) on pourra ainsi
aller au stade voir jouer l'OM comme on va au cinéma.
Bien sûr la guimbarde des années 60 aura laissé
la place aux véhicules particuliers mais je me souviens
qu'encore au cours de l'année 87-88 j'ai pu assiter à
un OM- Lens dans un quart de virage avec à côté
de nous des supporters lensois avec qui on a discuté calmement
sportivement .
Vous vous rendez-compte ? Des supporters des deux camps dans la
même tribune ? Je suis sûr que vous ne me croyez pas
. C'est vrai que je vous parle d'un temps que les moins de 50
ans ne peuvent pas connaitre !
Quant aux attitudes des supporters...la débacle a commencé
lors d'un OM St Etienne dans les années 70. La foule était
si nombreuse qu'on avait ouvert l'accès aux pistes cyclables(comme
on disait) Parmi ces spectateurs des écharpes vertes. Et
oui! On pouvait encore ... mais la honte m'est venue au front
quand j'ai vu des soit disant supporters marseillais agresser
un jeune stéphanois pour lui arracher son écharpe
. La chose n'était pas allée trop loin car les autres
spectateurs s'étaient interposés. Mais c'était
bien le commencement de la fin .
Voilà, ça c'était mon OM, mon stade , mon
sport.
Tout ça a laissé la place à ce monstre chatoyant
peut-être, riche en émotions probablement mais tellement
inhumain.