Ce matin je roulais
à vélo sur la route des Termes. Dans mon oreille
droite je pouvais entendre mes chansons préférées.
Aucun fil ne reliait mon oreillette à mon téléphone
portable, et son lecteur MP3. Miracle du bluetooth. Et
je me suis surpris à penser à une conversation que
j'avais eu quelques jours auparavant avec Jeannette une amie d'enfance
.
- Tu te souviens quand je descendais chez toi (elle habitait l'étage
au dessus du mien) pour écouter les disques sur ton "pick-up"?
Ah! J'adorais entendre "Sur ma vie " par Charles Aznavour. j'étais
folle de cette chanson.
- Moi je me souviens que chez toi on pouvait aussi écouter
des chansons . Et en particulier ,lorsque j'entends l'air du film
de Hitchcok : l'homme qui en savait trop" :Che serà serà , je m'y revois
comme si c'était hier .
Nous sommes en 1955,
les postes à transistors arrivent à peine sur le
marché.Ils pèsent environ 1kg et coûte une
petite fortune pour des jeunes et les familles modestes. Tout
va très vite évoluer et quelques années plus
tard ce sera le "temps des copains". Mais pour l'heure
un éléctrophone ou un pick up reste l'apanage des
maisons où on côtoie un peu le modernisme. Encore
faut-il aussi avoir les moyens de se l'offrir. Un peu comme de
nos jours avec les écrans plats ou autre média.
Alors nous allions les uns chez les autres écouter ce que
la radio nous faisait entendre et aimer . Chez moi, c'était
Aznavour Becaud, Brel . Brassens était encore considéré
comme peu recommandable à cause de ses "gros mots".
C'est Gaby qui m'a fait écouter la plupart de ses premières
chansons.
Et nous étions là, un peu béat de plaisir
nostalgique une fois encore en nous remémorant ces petits
bonheurs.
Mais expliquons un peu tout ça pour ceux qui n'ont pas connu cette époque et rappelons les choses pour les jeunes septuagénaires et plus .
Le "pick-up d'abord
. C'était quoi ? De nos jours si vous tapez ce mot sur
google, il vous apparait une série de véhicules
plus ou moins monstrueux. En ce temps là, les pick-up étaient
des tourne disques liés à des postes de radio. Ils
utilisaient l'ampli de celui-ci pour faire écouter les
chansons des vyniles qui trournaient en 78 tours puis le progrès
aidant en 45 et 33 tours. Ils étaient équipés
au début d'une aiguille en acier qui usait vite les disques
en cire ou en vinyle. Il fallait la changer souvent . On avait
donc une boite qui en contenait quelques dizaines.
Puis est arrivé le saphir qu'on appelait pompeusement "diamant"
qui équipait un bras plus léger ce qui augmentait
la durée de vie des disques.
C'était des
tourne-disques munis d'un ampli et d'un haut parleur, ils présentaient
l'avantage de pouvoir être transportés assez facilement
mais restaient tributairesd'une prise de courant.
Enfin le transistor qui se développait rapidement allait
remédier à cet inconvénient et ce sera le
règne de l'électrophone Teppaz. Equipé de
piles, il permettait d'écouter les disques n'importe où:
à la campagne, à la plage, chez les copains.
Et si j'apprécie à sa juste valeur le fait de pouvoir pédaler aujourd'hui ,en écoutant mes airs favoris, je n'ai plus retrouvé ce bonheur si intense lors de l'écoute d'une chanson de ce temps que les moins de ... cinquante ans ne peuvent pas connaitre, pas plus que je ne retrouve l'émotion ressentie , lors des premières émissions télé, de pouvoir admirer de près mes idoles du moment: Brel, Becaud, Brassens, Beart... . J'y reviendrai dans une autre souvenir .