On l'appelait Tata Carmen

      

Viens sur le banc où les serments
De tes vingt ans chantaient gaiement
Mama te quiero
Tout doucement ton coeur s'endort
Et c'est l'instant des rêves d'or
Mama te quiero
Jeux et manèges font revenir
Bals et cortèges vont refleurir
Suivons la foule des gens heureux
La joie s'écoule c'est merveilleux
Mais à quoi bon tant de chansons
Tant d'illusions puisque Maman
Tu n'es plus là

Seule je m'en vais, la vie s'en va
Seule je m'en vais, tu n'es plus là
Mama te quiero
O toi si belle écoute-moi
Du haut du ciel veille sur moi
Mama, o mama, Mama te quiero

Pour écouter la chanson en entier cliquez ici:

 

Dans le petit village qu'était notre impasse, tout le monde se connaissait plus ou moins . Cependant certaines personnes étaient plus remarquables que d'autres et ce, pour diverses raisons:question de voisinage, bien sûr, question d'amitié entre les enfants aussi et puis enfin question de personnalité.

Celle dont je veux parler ce soir , on la connaissait sous le surnom de Tata Carmen . Si ma mémoire est bonne , ce surnom lui avait été attribué par Maryse Guarnieri quand elle était petite. Et pour moi c'est toujours ainsi que je la nommais sauf bien entendu lorsque je m'adressais à ses deux filles , Lucie et Fernande. Si ce personnage m' a tellement marqué ce n'est pas seulement parce que c'était la maman de Lucie, mais c'est aussi pour trois autres raisons. Je ne sais pas vraiment à quel âge j'ai réalisé certaines d'entre elles mais je sais qu'intuitivement je les ai ressenties.
La première c'est son dynamisme . Je la revois ainsi sortir d'un pas alerte et vif pour aller à son travail ou faire des courses . Ce n'était pas quelqu'un qui trainait en route . C'était quelqu'un qu'on sentait plein de force morale et physique
La seconde raison est plus grave et a évolué avec les années . Je veux parler de son double veuvage. Le temps , les années, et la charge d'une famille, m'ont fait admirer de plus en plus la force de caractère necessaire en 1940 pour élever seule une enfant dont le papa ne reviendrait jamais de cette "drôle de guerre". Le temps enfin qui m'a fait comprendre le sacrifice d'une vie de femme pour mener à fond une vie de mère .
La troisième raison semble plus anecdotique et superficielle au premier abord: c'était son rire tonitruant,les soirs d'été sur le pas des portes ou dans les salles obscures des cinémas .Pour moi, ce rire résumait justement les deux traits de caractère dont je parlais plus haut: le dynamisme et la force morale .
Voilà en quelques mots ce que restera pour moi tata Carmen que j'ai eu l'honneur d'accompagner pour son dernier voyage ce 19 juillet 2012. Elle aurait eu 94 ans le 7 septembre.

Lors de la cérémonie religieuse, sa petite fille Corinne, a lu un très beau texte que je ne peux m'empêcher de transcrire ici. On y trouve tout le résumé d'une vie et de l'amour qu'elle a su susciter.

Jean Santelli

... Sur ton visage

Mamie tu as eu 2 filles, Lucie et Fernande... les rendre heureuses était le but de toute ta vie,
Veuve très jeune, tu as vécu toute ton existence avec acharnement et bonne volonté pour élever Lucie et Fernande.
Tu as toujours travaillé, pour accompagner dignement tes 2 enfants, pour lesquelles tu t'es battue jusqu'à ce qu'elles aient, elles mêmes, une vie de famille.
Ensuite, Mamie, tu as vieilli, Lucie et Fernande gardaient toujours à l'esprit, les montagnes d'abnégations de leur Maman.
Elles ont essayé de t' apporter tout ce que tu avais donné durant ta vie, aussi pour Laurent ton petit fils, ta petite fille, et tes arrières petits enfants, dont tu étais si fière : Coralie, Estelle et Candice.
Car sur ton visage...
On lisait la tendresse
quelquefois aussi, la tristesse,
on lisait les courages, on lisait les défaites
les jours de pluie, les jours de fêtes
Dans le sillon de tes ridules le temps s'écoulait au ralenti au bruit des aiguilles d'une pendule
qui ont fait tout le tour d'une vie
Tu avais le coeur au bord des yeux parfois les yeux au bord des larmes quand tu n'avais plus que cette seule arme dans ton long combat silencieux
Et quand tu ne trouvais plus tes mots
nous nous plongions dans ton doux regard il nous racontait des histoires
d'un passé si loin mais si beau
Mamie tu avais une âme, Mamie tu avais un coeur
qui s'est éteint hier
mais quand nous te prenions la main comme elle était douce, cette chaleur
Regardons donc un simple instant dans la beauté de ton visage
ce que le temps prend et apprend ce qu'il faut pour devenir sage
Nous étions riches de ton sourire quand tu nous le donnais sans raison
nous en apprenions des leçons
au livre de tes souvenirs
Cela a été ton dernier rivage
avant un long si long voyage
C'est un privilège tendre et doux
Pour Lucie et Fernande de t'avoir tenu la main jusqu'au bout .

Sur ton visage regardons bien
Même si la jeunesse s'était enfuie
On lisait le temps qui va, le temps qui vient
On lisait l'amour on lisait la vie .

 

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