A bicyclette...

 

Il faisait chaud pourtant à cette heure là . Mais cette chaleur n'avait pas l'air d'indisposer 3 jeunes garçons de 13 ou 14 ans qui s'adonnaient au plaisir de rouler à bicyclette sur le trottoir qui longe la route menant au Logis neuf.

Plaisir évident mais plaisir limité puisqu'ils ne faisaient que parcourir des distances relativement courtes sur ce trottoir.
Mais ma mémoire encore une fois m'a fait comprendre que comme le temps ne fait rien à l'affaire, les km ne faisaient rien à la joie de pédaler . Car ce plaisir là, je l'avais connu il y a ..; fort longtemps . Et même si l'on n'a pas peur des chiffres , je peux le dater .
Cela se passait au cours de l'année scolaire 1950-1951. J'étais en classe de 6e au collège Victor Hugo. Au sortir de la guerre les équipements sportifs n'étaient pas la priorité . Le collège disposait d'une salle de gym au sous-sol. Un bac à sable pour les sauts en longueur et hauteur ds une cour. Et c'était tout . Dans nos horaires , 5h de sport étaient prévues: 2 fois une heure au collège (ou dans les environs . Et un après midi , dit "plein air" de 14h à 17h dans un stade situé loin du collège . Ce stade ,baptisé Roger Salengro, était situé sur le chemin de St-Marthe à la hauteur de St-Barthélémy. Le prof de gym nous y donnait rendez-vous à 14h. A charge pour nous de nous y rendre à pieds ou en tramway. (Les bus ne les avaient pas encore remplacés.) Le collège prenait en charge la dépense en nous donnant 3 tickets de tram par voyage. Six pour l'aller -retour. Avec mes copains nous venions à pieds et je donnais ces tickets à ma mère pour aller à son travail.

Le stade Salengro ,se situait chemin de Ste Marthe en face de ce qui sera plus tard la cité des Rosiers..Il aété détruit depuis et à sa place se dresse un bureau de poste. C'était un beau stade pour l'époque :vaste il comportait un terrain de foot un plateau d'évolution et un terrain de basket.Les vestiaires se trouvaient juste à gauche en rentrant. De l'autre côté un ruisseau que nous appelions le biaou longeait e terrain de foot. Et parfois il fallait faire de sacrés efforts pour récupérer le ballon qu'un maladroit avait jeté à l'eau.
Notre prof de gym s'appelait Mr Aguillon. C'était un prof d'une rare conscience professionnelle. (Avec en 2e quelques années plus tard Mr Buonomini). Contrairement à certains autres qui se contentaient de nous laisser jouer au foot, lui construisait ses cours de manières rationnelles et variées. Athlétisme, gymnastique, jeux d'équipes tout y passait .
Mais ces sorties de "plein air" avaient pour moi deux attraits principaux:le premier j'en ai parlé , c'était le fait de se rendre à pieds de chez nous au stade. Ambiance de liberté, de plaisanteries, de bonne humeur et même un air de partie de campagne selon par où nous passions .
Le second attrait c'était la bicyclette . Certains élèves je l'ai dit plus haut,venaient à pieds, d'autres en tramway mais quelques uns utilisaient un vélo: leur vélo.
A mes yeux et aux yeux de beaucoup d'entre nous le vélo était un instrument de privilégié. Je ne dis pas de riche. mais tout le monde ne pouvait pas se payer une bicyclette . Ceci explique pourquoi à 12 ans je ne savais pas monter à bicylette.
Heureusement dans ma classe se trouvait un garçon sympathique ,blond aux yeux clairs Gérard Périer. je l'admirais beaucoup car comme il pratiquait le scoutisme, il avait une autonomie que je lui enviais. Sorties en patrouille, camp sous la tente, Toutes choses qui me le rendaient encore plus "grand" à mes yeux. Et puis il possédait un vélo! Une belle bicyclette bleue avec un guidon hirondelle. C'est sur cette bicyclette que j'allais apprendre à monter .
Soit avant, soit après le cours de gym, Gérard acceptait de nous prêter son bel engin (nous sétions deux ou trois candidats envieux) et c'est dans la cité Sncf (appelée ainsi car de nombreux agents y logeaient) que nous pouvions le plus souvent effectuer des allées et retour dans les voies pas encore envahies par l'automobile.
D'autres fois c'est dans la descente du bd de la bougie que nous réalisions nos exploits cyclistes. Dans les deux cas , la longueur du parcours n'excédait pas 200 m. Et pourtant quel bonheur; quelle ivresse même .C'est par le souvenir de ces moments là ,que j'ai si bien compris la joie des jeunes dont je parle au début de ce récit.
Le bd de la Bougie joignait le chemin de Ste marthe au chemin de St barthélémy. Il débutait par un plat d'une centaine de mètres et il se terminait par une montée d'une longueur identique que l'on avalait debout sur les pédales. Puis du haut de ce "sommet", nous dévalions la pente à toute allure . Mais le temps du bonheur passe vite, ici comme ailleurs . Et c'est la mort dans l'âme que venait l'heure de rendre le vélo à son propriétaire. Il allait falloir survivre sur nos réserves de souvenirs et patienter jusqu'à la semaine suivante.
Je ne savais pas à cette époque que quelques années plus tard , juste au coin du bd de la Bougie et du chemin de St-Barthélémy .... le 8 avril 1959... mais ceci est une autre histoire, oui, une autre histoire .

                            

Fernand, Michel Aimé et ...moi . Notez la qualité des vêtements sportifs... mais qu'est-ce qu'on était heureux.
Sur la Canebiere comme sur la Gineste.

Et presque cinquante ans après ....toujours heureux sur une bicyclette

     

 

 

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